J'ai hésité à répondre à ce message. Parce qu'appeler Uxatindar "Uxamachintruc" me crispe plutôt.
Même si c'est du second degré, j'aime bien qu'on appelle les choses par leur nom. J'y lis (à mon premier degré) un manque de respect.
Et quand on connait cette magnifique montagne et le secret qu'elle cache derrière elle, ça fait mal à mon Islande sauvage...
Bref, préambule fait... Des projets comme ça, j'en lis deux par an sur ce forum, alors il sera dommage de faire la gueule et de ne pas y'apporter mon concours.
Traverser la Skafta est un vieux serpent de mer qui revient tous les ans.
Je m'y suis heurté plusieurs années. J'en connais deux (pas trois) qui l'ont traversé en aval de Grasver (entre Kringla et Haskanef). Des très expérimentés (encore plus que moi) qui y'ont vécu un enfer sans nom, surtout à cause des sables mouvants. Ce n'est pas très profond et sans trop de courant mais à pied, la traversée dure plus d'une heure.
Je n'ai pas canoté sur la Skafta mais sur une rivière du même style, la Kaldakvislk, plus au nord avec un miniraft. C'est abominable avec un tel engin. On n'y voit rien, on s'échoue tous les deux mètres sur les bancs de sable. On n'avance pas, on le remplit d'eau. Ce n'est pas facile de se sortir des échouages puisque si on descend, on s'enfonce jusqu'à la taille dans le sable... Bref, c'est dégueu, mais ça finit par passer en traversée et c'est sans doute moins difficile que de la traverser à pied.
Prends toi deux km de marge sur Sveinstindur en amont. Passé le refuge, la Skafta se resserre et devient complètement dingo. Ce n'est plus navigable. Un orteil dedans et c'est la mort assurée (mais rapide et sans douleur).
J'ai traversé des bras de la Skafta à pied plus en amont, sous le glacier. La première fois, le bras appelé Fljotsoddi, le plus au sud, au fond très mouvant mais finalement pas si difficile que ça.
La deuxième fois exactement à l'extrémité des Fögrufjöll, là où elle fait un angle droit, une des plus grosses c... de ma carrière de randonneur en Islande avec de l'eau jusqu'à la taille, mais heureusement un fond dur et un courant pas trop fort. Pour le coup, ici en kayak, tu passeras bien ce bras et tu pourras même laisser filer un petit moment avant de tomber sur les bancs de sable aval. En serrant bien rive gauche, j'imagine que tu vas arriver comme une fleur à l'aval de Trollhamar, là où les bras sud et nord se rejoignent.
Concernant la stabilité des rives de la Skafta, je ne sais pas où les rangers sont allés s'inventer que c'était dangereux mais tous le disent. Ben, imaginant qu'ils ont raison, il suffit de marcher à un mètre du bord, non? Je suis sûr qu'ils y'ont jamais mis les pieds.
Le danger absolu de cette région est le risque de Jokulhaup sur cette rivière qui y sont plutôt fréquents. Vaut mieux pas être sur l'eau ou les berges quand ils se produisent.
Enfin, pour terminer, ce n'est pas très intéressant d'aller se promener vers le glacier à l'extrémité du lac. Le terrain est morainique, sableux sans reliefs particuliers. De plus, comme il n'y a pas de pente, on ne prend pas assez de hauteur pour voir l'ensemble du lac.
C'est peut être intéressant (sûrement) d'aller vers les montagnes qui surplombent la Tungnaa (mais c'est plus loin).
David